Page:Ducharme - Journal d’un exilé politique aux terres australes.djvu/41

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
43
D’UN EXILÉ

de ce côté là, mais il fallait observer une règle établie. De manière que profitant de la maladie de notre surintendant nous fermions les portes à l’heure ordinaire : et aussitôt que notre supérieur s’était retiré pour s’abandonner aux souffrances qui l’accablaient, nous ouvrions les portes et tous sortaient pour aller à ses propres travaux. Il y avait même confusion quelquefois. Mais à une heure marquée, de grand matin, tous rentraient dans l’ordre et à leur place et l’on aurait dit que rien n’avait eu lieu. De sorte que toutes les nuits nous étions en liberté, et les jours dans la sujétion. Durant notre séjour à cet établissement nous eûmes la douleur de voir mourir, à l’Hôpital, deux de nos compagnon, Louis Dumouchel qui mourut d’Hydropisie et Gabriel Chevrefils qui mourut à peu près de la même maladie. Durant notre séjour à cette place, nous allâmes plusieurs fois à la messe à Paramatta, petite ville à sept milles de distance d’où nous étions et souvent des prêtres catholiques venaient dire la messe au milieu de nous dans un oratoire que nous avions préparé dans ce but du mieux que les circonstances pouvaient, nous le permettre. Enfin les choses en étaient à ce point quand nous apprîmes que le gouvernement avait décidé de nous assigner tous à divers Bourgeois pour l’espace de six mois à raison de trente shellings par mois pour ceux qui n’avaient pas de métier ; et quarante pour ceux qui en avaient. La moitié de nos gages devait être placée à la Banque d’Épargne pour nous être remise lorsque nous serions rendu à la