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Page:Ducharme - Journal d’un exilé politique aux terres australes.djvu/52

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JOURNAL

condition. L’on voit ces êtres dégradés et inutiles parcourir par bandes les villes sollicitant l’aumône. À peine sont-ils couverts ; car les efforts les plus actifs des Européens n’ont pu les porter à garder des habits sur eux. — Chaque tribu a son roi dont la marque distinctive est une petite plaque de cuivre en forme de demie-lune qu’il se pend au cou et sur laquelle est écrit le nom de sa tribu. Cette marque de distinction leur vient des Colons. Car autrefois ils avaient une marque de leur propre fabrication et à peu près de la même forme que celle d’aujourd’hui. Ces rois se montrent souvent à la tête d’une partie de leurs sujets allant à la quête. Ils ne veulent point coucher sous un toit préférant coucher en plein air qu’à l’abri. Ils sont d’une laideur extrême, assez grands, mais très menus et alertes. Les tribus de l’intérieur sont toutes féroces. Elles fondent quelquefois sur les établissements Européens, massacrent tous ceux qui s’opposent à leurs déprédations, pillent et enlèvent les troupeaux de bœufs et de moutons et les emmènent dans les montagnes ou autres lieux connus que d’eux seuls, ils en repaissent leur appétit vorace. Ces funestes invasions ont obligé plusieurs Colons d’abandonner leurs fermes et de se rapprocher de Sydney afin de se soustraire, eux et leurs biens, à la rapacité de ces redoutables brigands. La moindre chose leur est un motif suffisant de guerre entr’eux, une tribu a-t-elle enlevé une couverte un couteau ou autre objet semblable, aussitôt on voit la tribu offensée en arme contre l’autre. Leurs armes