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Page:Ducharme - Journal d’un exilé politique aux terres australes.djvu/7

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D’UN EXILÉ

qu’une petite allée bien étroite par laquelle nous passions pour aller sur le Pont, et dans l’Entre-Pont chercher nos rations. La lumière ne pénétrant dans ce cachot que par deux Écoutilles encore étaient elles toutes grillées.

Le vingt huit à six heures du matin, nous levâmes l’ancre, et fûmes toués par un Bateau-à-Vapeur jusqu’à quelques lieues en bas de Québec. Le vent était favorable, on déferla les voiles, et nous descendîmes le Golfe à la faveur d’une brise Sud-Ouest. On nous avait divisés par compagnies de douze, et le règlement que nous devions observer pendant la traversée nous fut proclamé.

1er. Pour déjeuner l’on nous servait environ un demiard de bouillie d’avoine que l’on nous apportait dans un seau qui contenait la ration de douze ; le midi nous avions, un jour, un demiard de soupe aux pois, un quarteron de lard et environ quatre onces de biscuit ; l’autre jour la même quantité de biscuit, trois quarterons de bœuf salé, et à peu près six onces de Pouding, faite avec de la farine et un peu de suif ; le soir on nous servait un jour un demiard de thé seulement, et le lendemain un demiard de Chocolat. Telle fut notre ration tout le long du voyage ; ces rations nous étaient servies dans des seaux et nous n’avions qu’un plat de Fer Blanc, un couteau, une fourchette et une cuillère pour douze, plusieurs d’entre nous ne s’étaient pas munis de ces ustensiles, pensant en trouver à bord, furent alors contraints de déchirer avec leurs dents, leur viande qu’ils tenaient