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saient se jouer à la surface de la mer en sautant hors de l’eau. Chose assez remarquable, c’est que depuis le Tropique du Capricorne comme je l’ai déjà observé, les oiseaux avaient totalement disparu ; et pourtant il s’en trouva un grand nombre qui planaient au-dessus des poissons dont je viens de parler et qui paraissaient suivre leur marche en effleurant l’eau à l’endroit où ils se montraient. Nous ne savons si ces oiseaux exécutaient ce manège pour se repaître de ces poissons : Cette opinion ne me paraît guère fondée vu qu’ils n’excédaient pas en grosseur nos pigeons domestiques ; mais ils avaient néanmoins les ailes plus longues. Nous avions atteint le 8° 35′ latitude Nord.

Le 12, le vent était tombé presque totalement ; le ciel fut couvert toute la journée. Vers deux heures P. M. un orage se fit sentir. Le vent tourna à l’Est : mais au retour du beau temps le vent repris sa première direction. Pour la première fois il m’arriva de me trouver nus-pied sur le pont, soit par négligence ou autrement j’avais perdu mes pantoufles. À ma grande surprise, je ne pus résister sur le pont. L’ardeur du soleil l’avait rendu brûlant, bien qu’il ne parût que par intervalle ; nous souffrîmes extrêmement de la chaleur.

Le 13, le temps est calme ; la chaleur excessive. Nous vîmes plusieurs dauphins se jouer autour du vaisseau. Ces poissons sont très agiles. Ils se tournaient sur tous les sens avec une violence incroyable ; ils avaient environ dix à douze pieds de long. Dans l’après midi nous vîmes