Page:Ducharme - Journal d’un exilé politique aux terres australes.djvu/87

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le lieu où Jules-César effectua sa descente en Angleterre lors de sa première expédition en pays. Nous étions maintenant entrés dans les Dunes places dangéreuses par le nombre des bancs de sable qui obstruent de tous côtés le passage des vaisseaux ; aussi y voit-on fréquemment des naufrages. Le fond est composé de sable mouvant et par conséquent d’un jour à l’autre la marée y forme des bancs infranchissables et à différents lieux : aussi y-a-t-il un vaisseau à vapeur gagé par le gouvernement pour croiser et sonder journellement dans cet endroit afin de découvrir les bancs de sable et les indiquer. Nous vîmes ce vaisseau croiser en différents sens et une multitude de bouées placées çà et là ainsi que des Phares flottants. Des chaloupes vinrent à bord avec des poissons du pain, des pommes etc. Les bords de la mer de cette partie de l’Angleterre sont assez planches et unis. Je remarquai que les rapports que l’on nous faisait au sujet de l’atmosphère de fumée qui obscurcit le ciel de l’Angleterre étaient bien véritables et que la cause en était la quantité immense de charbon de terre qui se consumait dans les manufactures innombrables qu’il y a ; aussi tous les villages et toutes les villes que nous vîmes étaient ils couverts de fumée.

Le 23 à neuf heures du matin nous jetâmes l’ancre à l’embouchure de la Tamise. Nous ne pûmes avancer plus loin à cause de la marée qui baissait, et qui formait des courrants assez forts pour nous entraîner sur quelques bancs de sable qui comme je l’ai dit sont très communs ici.