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D’UN EXILÉ

jours du Nord-Est, nous filions de neuf à dix nœuds à l’heure.

Le 8, le vent était très violent et un peu près la mer très agitée, et la vague embarquait à chaque instant bien que le vaisseau fut gros et fort haut, — beaucoup d’entre nous furent malades, tant du mal de mer que du rhume, — le vent tomba dans le courant de la nuit.

Le 9, le temps fut calme toute la journée ; la mer très houleuse, nous eûmes le plaisir d’observer une baleine à notre loisir, elle tourna autour du vaisseau au moins deux heures apparaissant tout auprès de nous à chaque instant.

Le 10, le vent était violent et soufflait du Nord-Ouest et se trouvait contraire à notre route.

Le 11, même vent, mais beaucoup modéré, temps couvert et orageux ; nous courûmes la bordée toute la journée.

Le 12, pendant la nuit, le vent s’éleva d’une manière furieuse ; la mer s’agita à tel point que dans le vaisseau tout se dérangea, coffres, quarts, meubles, etc. La vague frappait le bateau comme s’il se fut choqué contre un roc, l’eau descendait par torrents dans l’entrepont par l’écoutille, le vent et la mer faisaient un mugissement horrible ; il faisait froid, il grêla, — le jour parut enfin, nous montrant la mer en furie telle que nous ne l’avions pas vu depuis le Cap Horn ; pour comble de malheur, le vent était Sud-Ouest et contraire à notre route, ce qui nous força de serrer le vent TEXTE ILLISIBLE