Page:Duchaussois - Aux glaces polaires, Indiens et Esquimaux, 1921.djvu/18

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velle-France « quelques familles de bons catholiques français. »


Ainsi naquit l’œuvre de l’évangélisation au Canada. Les fourrures d’abord ; et par les fourrures, les âmes. Si les Indiens, en effet, n’eussent trouvé sous leurs flèches que le bison, l’élan, le renne, le phoque, dont la chair pourvoyait à leur nourriture et la peau à leurs habits, combien de siècles encore le paganisme les eût-il retenus dans sa nuit ? Mais des légions d’animaux de moindre taille, « que les Peaux-Rouges voyaient avec indifférence, selon l’expression de Mgr Taché, étaler au milieu de la désolation le luxe de leurs vêtements », étaient là, attirant les commerçants et les colons qui deviendraient les appuis du missionnaire, trop pauvre et trop faible pour affronter, à lui seul, l’immensité sauvage des forêts vierges, de la prairie, des lacs et des montagnes de l’Amérique boréale.

Les compagnies de fourrures, quoique plus ou moins fidèles à leurs engagements de coloniser, suffirent à donner à Champlain, au soir de sa vie, en 1633, un siècle après l’arrivée de Jacques Cartier, la consolation de voir s’établir définitivement la colonie française.

Des groupes du Perche, du Maine, de l’Anjou, du Poitou, de la Saintonge, de l’Île-de-France, de la Bretagne et de la Normandie, continuèrent à se répandre dans la vallée du Saint-Laurent, depuis l’océan Atlantique jusqu’aux grands lacs centraux : « tous, seigneurs et censitaires, artisans et engagés qui, tout en défrichant et cultivant, se livraient à la traite des pelleteries, à la chasse, à la pêche. »


C’est dans les cent trente ans qui allèrent de l’implantation de la colonie par Champlain au malheureux traité de Paris (1633-1763) que se place l’histoire épique du Canada : époque où les quelques milliers de Français de la Nouvelle-France, mollement soutenus par la mère patrie, eurent à faire face, en même temps qu’aux difficultés de leur établissement, à la jalousie envahissante de l’Angleterre et aux incursions dévastatrices des Iroquois, ses sauvages alliés.

Le traité d’Utrecht, en 1713, avait cédé à l’Angleterre