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l’Acadie, Terre-Neuve, et le territoire de la Baie d’Hudson. Le traité de Paris, 10 février 1763, abandonna le reste du Canada.

Cette amputation, que la France ressent de plus en plus douloureuse, à mesure qu’elle voit se développer le Canada, ne devint-elle pas le salut de la colonie elle-même ? Le tendre rameau ne se fût-il pas brisé, sous la tempête qui secouait déjà, jusque dans ses racines, le vieux tronc robuste de la France ? Comment le jeune Canada eût-il résisté à la grande révolution de 1789 ?


Les Canadiens français trouvèrent cependant, dans leur nouvelle métropole, une marâtre acharnée à étouffer, d’un même geste brutal, et leur langue française et leur foi catholique. Mais à cette révolution, ils étaient préparés. Pris de front, corps à corps, sur le terrain national et religieux, les Canadiens français sont indomptables. Ils l’ont toujours prouvé. Ils le montrèrent si bien à l’Angleterre que, de concession en concession, elle fut obligée de décréter le régime de 1867, régime de la Confédération, qui gouverne le Canada sur le principe fondamental « de l’égalité civile et politique des deux races, anglaise et française, des deux langues et des deux religions ». Depuis lors, la libéralité de l’Angleterre ne s’est point démentie, et les Canadiens Français peuvent grandir, sous son drapeau impérial, en conservant, sur leur blason, qui est celui du Dominion lui-même, la vieille devise normande : Dieu et mon droit, mariée à celle de l’Ordre de la Jarretière : Honni soit qui mal y pense.

Et ils grandissent.

Ils n’étaient que 60.000, à l’époque de la séparation d’avec la France ; les voilà multipliés, sans mélange, à plus de 3.000.000. La pratique des vertus chrétiennes et familiales a fait cette merveille. Ils peuplent la magnifique province de Québec, une grande partie des provinces maritimes et de l’Ontario, et ils se comptent à plus de 300.000 dans les villes et campagnes de l’Ouest canadien. Des huit millions d’habitants de toutes nationalités et de toutes langues, qui composent la Puissance du Canada, le groupe français est devenu le plus nombreux et le plus homogène. Sa fidélité au souve-