Page:Duchaussois - Aux glaces polaires, Indiens et Esquimaux, 1921.djvu/86

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conversion et pour la persévérance des sauvages, mes chers enfants ! »[1]



  1. Le Père Laity, Arthur naquit à Lorient, le 5 décembre 1841, d’une famille tellement chrétienne que ce fut son père qui se chargea de faire les démarches, pour son admission au noviciat des missionnaires Oblats de Marie Immaculée. Il laissait, dans le diocèse de Vannes, son frère Léonide, aumônier du lycée de Pontivy et prédicateur renommé.

    Sa vie apostolique se passa aux missions de la Nativité, du Vermillon, dans l’Athabaska ; du Fort Smith, de la Providence, de Résolution, dans le Mackenzie, tour à tour au service des Montagnais, des Castors, des Esclaves et des Couteaux-Jaunes. Haut de stature, fortement charpenté, exercé dès son enfance au canotage sur les « youyous » du port de Lorient, il était fait pour les grandes plaines et les grands lacs. Il usa largement de ces dispositions heureuses.

    Un trait pour montrer son attachement à ses missions : il peint tous les missionnaires que nous connaissons. En 1903, trente-six ans après son départ pour le Mackenzie, le Père Laity eut la permission d’aller revoir sa patrie. Sur ces entrefaites, un chapitre général de la Congrégation des Oblats fut convoqué. Comme le Père Laity se trouvait en France, les missionnaires du Mackenzie le déléguèrent pour les représenter. La règle fait une obligation sévère aux « délégués » de se trouver, le jour convenu, à la salle capitulaire. Mais il fallait que le Père Laity prolongeât encore de quelques mois son séjour au pays natal, pour atteindre cette date. Il eut beau faire : il n’y put tenir. La « nostalgie du Nord » le prit si fortement, qu’il s’en fut plaider sa cause devant le supérieur général et ses assistants, les suppliant, à genoux, de le délier de son mandat, et de le laisser partir. Il gagna son procès, et personne ne représenta le vicariat, à côté du vicaire apostolique, en 1904. Mgr Breynat ayant à répondre à cette question : Vos missionnaires ont-ils vraiment l’estime et l’amour de leur vocation ? n’eut qu’à dire : « Il me semble qu’il suffit de rappeler l’exemple du Père Laity. C’est une réponse vivante à la question posée ; et, en cela, au moins, il a dignement représenté le vicariat. »

    — Le jour où je reçus le coup de grâce, en France, disait le Père Laity, fut celui où, traversant la Savoie, je vis un flanc de montagne couvert de neige. J’aurais voulu arrêter le train pour m’y rouler.

    Il eut le bonheur de mourir saintement, à son poste du Mackenzie. Sa dernière parole fut l’invocation au Sacré-Cœur.