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HISTOIRE DE RENNES.

Leurs temples s’élevaient dans les lieux les plus reculés des landes et des forêts. Le territoire des Rhedones en possédait un, qui existe encore aujourd’hui, dans la commune d’Essé. Là, se réunissait un collège druidique intermédiaire entre celui de Carnac et ceux du pays de Chartres. C’était l’un des anneaux de cette chaîne théocratique qui enserrait le pays et en réunissait les divers éléments sociaux sous la même domination.

Cette théocratie s’était cependant modifié depuis son origine, et quand le polythéisme grossier venu avec les premières migrations eut fait place au panthéisme mystérieux introduit, sous le nom de Druidisme, par l’invasion Kimrique, un nouveau pouvoir s’éleva peu à peu en face de celui des prêtres. L’ordre privilégié des chevaliers voulut monter du second rang au premier, et partager, souvent envahir l’autorité absolue.

Les Druides, ou hommes des chênes, retirés dans leurs forêts sacrées, conservèrent néanmoins toujours sur le peuple leurs anciens moyens d’influence par l’action de leurs Ovates ou Eubages, et de leurs bardes, formant les deux degrés inférieurs du sacerdoce, et chargés de pénétrer au foyer de la famille pour y diriger l’éducation domestique, pour y distribuer aux guerriers le blâme ou l’éloge, comme ils le faisaient en public les jours de grandes solennités nationales. Lorsque les sacrifices humains devinrent plus rares et plus dispendieux, ils conseillèrent au peuple qui n’y pouvait atteindre des offrandes de monnaies ou d’autres richesses aux fleuves et lacs sacrés[1].

C’est à cet usage, qui survécut même au culte druidique, que l’on doit attribuer en partie ces fréquents dépôts de médailles de diverses époques que l’on retrouve aujourd’hui encore dans nos sources et nos rivières.

Les Rhedones furent surtout fidèles à cette pratique re-

  1. César, liv. 6, ch. 17 ; Diodor., liv. 5, p. 305 ; Strabon, liv. 4, p. 188.