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HISTOIRE DE RENNES.

une raison pour nier leur existence passée, qui semblerait suffisamment attestée par la découverte des monnaies dont nous venons de parler.

Les accidents de la navigation ne sont-ils pas une des causes qui les ont enfouies sous les couches argileuses du lit de la rivière ? Les usages religieux n’ont-ils pas eu aussi leur part y la plus grande peut-être, dans ce dépôt qui n’a pu être toujours fortuit ? Une offrande se faisait au fleuve sur lequel on allait entreprendre quelque trajet qui pouvait devenir périlleux. Chaque soldat recevait même dans ce but, avant de s’embarquer, une pièce de monnaie, espèce de don propitiatoire, offert par lui à la divinité qu’il voulait se rendre favorable. Est-il probable qu’on eût laissé sans soins un cours d’eau si utile, si vénéré, herius fluvius ? Il est permis de croire, sans trop de témérité, que sa profondeur et la ligne de son parcours ne furent pas alors ce qu’elles devinrent depuis. Les couches dans lesquelles étaient déposées les monnaies, et la ligne sur laquelle on les a rencontrées sont des preuves assez admissibles de notre double assertion[1].

L’agriculture aussi, profitant des bienfaits de la paix du règne d’Auguste, faisait des progrès qui, en répandant l’aisance, ne contribuaient pas moins que le reste à l’amélioration géniale du pays. Mais la culture intellectuelle était lente dans ces esprits grossiers de la Gaule chevelue qui sortait à peine de sa barbarie. Les écoles n’y prospéraient pas encore et ne fournissaient pas, comme la province Narbonnaise, sa moisson d’hommes illustres. Son soleil sentira lentement des nuages qui l’obscurcissent.

Quinze ans s’étaient écoulés depuis la naissance de J. G., lorsqu’Auguste mourut et laissa l’empire à Tibère.

  1. Nous regrettons de ne pouvoir reproduire ici textuellement, à l’appui de notre opinion, l’excellent mémoire de M. le docteur Toulmouche sur ce sujet, qui sera bientôt, nous l’espérons, imprimé ailleurs.