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HISTOIRE DE RENNES.

La cité romaine des Rhedones était loin de s’attendre au mouvement profond qu’imprimerait au monde d’alors l’événement qui s’était passé en Judée. Eloignée du théâtre où s’agitaient de si hauts intérêts peu compris alors, elle ne s’inquiéta guères que des changements qui s’opéraient autour d’elle. Peut-être cependant apprit-elle que le tyran de Rome, Tibère, informé par le rapport officiel de Pilate de ce que c’était que le dogme chrétien, avait proposé au sénat de le ranger parmi les choses sacrées, et même après avoir banni de Rome les chrétiens par un sénatus-consulte, avait menacé de mort leurs délateurs [1]. Les empereurs romains ne lui furent connus que par leurs effigies empreintes sur les monnaies que les légions importèrent dans ses murs. A chaque nouveau règne, les médailles du prédécesseur recevaient une empreinte ou contremarque qui leur conservait leur valeur monétaire, et elles continuaient leur circulation dans les mains des habitants, et leur usage religieux comme offrande au fleuve où elles ont été retrouvées de nos jours. Du reste, les institutions restaient les mêmes ; rien n’était changé aux habitudes gouvernementales du peuple conquis. L’empire allait tout seul, comme l’a dit notre Chateaubriand.

Quelques faits néanmoins s’accomplissaient en silence autour de notre ville, et lui préparaient un avenir imprévu. On ne peut les omettre sans rompre la liaison du présent avec le passé. Nous les glanerons de loin en loin, là, où ils se présenteront.

La constitution de l’empereur Antonin, surnommé Caracalla, qui dota du droit de cité romaine tous les habitants de l’empire, par une raison fiscale, fut-elle proclamée dans notre ville ? Rien ne nous apprend que les Rhedones aient reçu avec quelqu’enthousiasme ce bienfait payé qui les assimilait à leurs vainqueurs. Il n’est pas probable

  1. Eusèbe, Cæs. chron.