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HISTOIRE DE RENNES

rangs. Ne devaient-ils pas devenir empereurs à leur tour ? Gratieu ne tarda pas à voir sa puissance contestée par un rival qui, proclamé dans la Grande-Bretagne, « fondit sur les Gaules, accompagné de trente mille soldats, et suivi d’une population nombreuse qui se fixa en partie dans l’Armorique[1] » (585). Ce rival, c’était Maxime et cette population nombreuse qu’il laissa, dans notre pays, était commandée par un chef national, sous le titre de Conan, roi, auquel la reconnaissance populaire avais ajouté l’épithète de Mériadec, très-glorieux. Ce chef devait devenir la tige souvent brisée des rois bretons, mais il s’écoulera bien des années encore avant qu’il ait secoué le joug romain. Etabli dans l’Armorique par Maxime, qu’il avait secondé dans sa tentative d’usurpation, et confirmé dans son pouvoir par Théodhose, empereur d’Orient, le successeur de Gratien, il attendit patiemment l’occasion de se saisir, dans le démembrement du grand empire, du lambeau de territoire dont on lui avait délégué l’administration. Il ne prit d’abord que le titre de Conan, ou chef des Létes armoricains. En effet la notice de l’empire indique qu’il y avait parmi ces Létes des peuples de l’île bretonne ; qui avaient été refoulés par les pirates germains. C’était une première migration dans notre péninsule.

Quoi qu’il en soit, rien ne fut changé qu’un homme à l’administration romaine. La cité des Namnètes, dit-on, devint le séjour ordinaire du nouveau chef breton, qui pressentant et préparant l’avenir, gouverna avec assez d’habileté pour se faire aimer de cette population composée en grande partie de ses compatriotes ; ce qui dut rendre beaucoup plus facile sa tâche et l’exécution de ses desseins.

Les circonstances semblaient de jour en jour se disposer à lui être favorables : les empereurs se succédaient sans

  1. Études Hist. Châteaub., p. 181, I. 3.