Page:Ducrest, Maillet - Histoire de Rennes.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
37
HISTOIRE DE RENNES.

pouvoir rétablir l’ordre dans les Gaules inondées de barbares. « L’empire latin romain, dit Chateaubriand, n’était plus que l’empire romain barbare : il ressemblait à un camp immense que des armées étrangères avaient pris en passant pour une espèce de patrie commune et transitoire. »

Au milieu de tous ces désordres de l’Occident, les provinces armoricaines se constituèrent en républiques fédératives[1]. Le Conan qui gouvernait la péninsule, dut prendre part à ce mouvement, puisque c’était un pas de plus vers l’accomplissement de ses projets. Les troupes romaines abandonnées par Rome (409), entrèrent dans cette fédération et achevèrent ainsi de se naturaliser dans le pays dont la garde leur avait été confiée. Le préfet des Létes placé dans la cité des Rhedones, selon la notice de l’empire, si ce préfet, dont le nom ne nous est pas connu, était un autre que Conan lui-même, s’associa à cette ligue qui avait pour but la défense commune contre le flot des invasions barbares débordant de toutes parts. Le nom de Franks donné à ces Létes par la même notice, nous semble prouver que cette peuplade germanique, différente de celle de Clovis, avait paru dans notre pays, comme auxiliaire des Romains, et soumise aux lois des terres létiques long-temps avant la date, (497) où son homonyme se présenta comme conquérante sur nos frontières devenues bretonnes.

Au temps dont nous parlons, le christianisme avait fait de grands progrès chez les Rhedones. Saint Clair, l’évêque des Namnètes, avait commencé à les catéchiser, et depuis lors la foi chrétienne n’avait cessé de s’étendre. Les temples des divinités payennes étaient désormais abandonnés, et quelques-uns renversés par la ferveur des néophytes, qui ne faisaient en cela qu’obéir aux édits des empereurs. Si

  1. Zosime, p. 829. Quâdam republicà constituta.