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HISTOIRE DE RENNES.

dépendance, renversa tout ce qui voulut y faire obstacle, et tendit les bras à tous ceux qui voulurent s’unir à ses efforts pour repousser l’étranger. Quel pouvait être le chef de ce mouvement national, si ce n’était celui qui avait gouverné si sagement jusqu’alors les populations qui se séparaient de Rome, après avoir vainement imploré son secours ? Le Conan, auquel les Romains avaient décerné le titre de chef de la province armoricaine, n’eut point à décorer d’une nouvelle et plus pompeuse dénomination son pouvoir qui ne relevait plus de personne. Il fut toujours le Conan Mériadec, qui depuis est devenu son nom propre, dans l’absence pour nous du véritable. Qu’importe ensuite que la postérité ait traduit ce nom gaélique de conan par duc ou roi ? Il n’en était pas moins pour les populations qu’il continua d’administrer comme par le passé, le chef suprême, au-dessous et à côté duquel il n’y avait que le peuple lui-même qui l’avait maintenu à sa tête. Les chefs secondaires ne partageaient pas encore la puissance du Conan, sous forme de délégation féodale. Les anciennes formes administratives romaines continuèrent d’être observées au moins dans les villes. Les garnisons n’avaient pu refuser de s’associer au mouvement populaire, et renonçant pour un temps dont elles ne pouvaient prévoir la durée, à leur patrie politique, elles avaient adopté la nouvelle d’autant plus facilement que sous leurs enseignes il y avait peu ou point d’Italiens. Ces derniers dès long-temps avaient abandonné le service militaire aux alliés, auxiliaires barbares ou non.

Les Rhedones accoutumés comme les autres habitants des cités, aux formes de l’administration romaine, ne virent rien changer au mode de gouvernement qu’ils avaient subi jusqu’alors. Ils n’eurent même pas la pensée de revenir à des usages gaulois depuis long-temps oubliés, et qui n’étaient plus pour eux qu’une civilisation arriérée. Une fois qu’on avait été romain, il semble qu’on ne pouvait