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HISTOIRE DE RENNES.

plus renoncer aux avantages que ce titre avait apportés. N’était-ce point l’effet du progrès providentiel des nations ? Aussi cette séparation de Rome fût-elle d’abord plutôt apparente que réelle au fond, et pour la rendre vraie il fallait encore bien des années et plus d’une invasion, plus d’un flot d’émigrés de la Bretagne insulaire.

Cependant la couche de civilisation romaine n’était pas si bien empreinte dans notre Armorique, qu’elle en eût effacé toutes les anciennes traces gauloises. Le druidisme vivait encore au fond des forêts, et sur le sol même des Rhedones. Le christianisme poursuivait jusque dans leurs retraites les plus cachées ces ferments d’agitation et de paganisme, en renversant partout les signes de l’ancien culte, et leur substituant les symboles chrétiens.

Les barbares s’étaient montrés aux frontières de la péninsule et avaient été repoussés là, comme sur tous les autres points de la province armoricaine, qui, en dehors même de cette péninsule, s’étaient presque tous rangés sous le pouvoir protecteur de Conan Mériadec. Après les barbares, les Romains vinrent à leur tour, conduits par le préfet des Gaules, Exuperantius, pour ressaisir par l’épée le pays qui leur avait été enlevé par la révolte. Les Romains furent aussi repoussés ; leur prestige s’était éclipsé avec leur puissance. On ne voulait plus d’eux d’autre joug que celui de la raison qui régnait dans leurs lois. Les anciens vainqueurs luttèrent vainement pendant trois ans contre les vaincus, vainqueurs à leur tour. Ils finirent par traiter avec eux, comme avec des alliés, et le poète latin, Rutilius Numatianus, célébra cette réconciliation désirée.

Un autre poète contemporain, Ausone, le Bordelais, nous a conservé le souvenir du conseiller intime du Conan Mériadec, le littérateur Silvius Bonus ; souvenir épigrammatique, il est vrai, mais qui n’en prouve pas moins la supériorité d’intelligence du prince breton.