CHAPITRE III
EXAMEN DE L’ENCYCLOPÉDIE
I. — la science
Les auteurs de l’Encyclopédie ont voulu faire à la fois une œuvre scientifique et une œuvre polémique. Sans doute, il est naturel aujourd’hui que nous nous intéressions beaucoup plus à la doctrine qu’à la science contenue dans le grand Dictionnaire, puisque quelques-unes des plus importantes libertés dont nous jouissons passent pour nous avoir été conquises par les combattants de l’Encyclopédie. Mais ce serait rabaisser singulièrement l’œuvre de Diderot et de ses amis que de la considérer, ainsi qu’on le fait presque toujours, comme une simple machine de guerre destinée uniquement à battre en brèche les « préjugés » de l’ancienne société française. Les contemporains, même les plus hostiles à l’Encyclopédie, virent en elle autre chose qu’une œuvre de destruction, et ce ne sont pas seulement les tendances, mais les erreurs du Dictionnaire qu’ils prirent la peine de combattre avec un soin parfois minutieux. Il est donc juste de distinguer les deux buts très différents, qu’ont réellement poursuivis les Encyclopédistes, et de faire à ceux-