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Page:Ducros - Les Encyclopédistes.djvu/123

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ci l’honneur de les apprécier comme savants, avant de les discuter comme « philosophes. »

Les Encyclopédistes ont voulu très sincèrement faire avancer la science et servir par elle l’humanité ; et ce noble but, ils l’ont poursuivi de trois manières : ils s’efforcent d’abord de « rassembler les découvertes des siècles passés » ; ensuite, ils veulent faire comprendre à tous, en les expliquant dans la langue de tout le monde, ces découvertes, connues jusqu’alors d’un petit nombre d’initiés trop jaloux de leur grimoire scientifique. En troisième lieu, ils prétendent « apporter des richesses nouvelles au dépôt des connaissances anciennes[1] ».

Résumer la science, la vulgariser et l’enrichir, voilà donc le triple idéal que s’est proposé et qu’a proposé à ses collaborateurs le chef de l’Encyclopédie. Maintenant, que les Encyclopédistes aient notablement accru le trésor des connaissances humaines, c’est ce qui, même avant tout examen, paraîtra peu vraisemblable, si l’on songe que les savants n’ont nullement l’habitude d’enfouir dans des dictionnaires leurs découvertes et leurs vues personnelles. Aussi n’est-ce pas en réalité, et quoi qu’en dise Diderot, pour ajouter des « richesses nouvelles » aux connaissances anciennes que sont faites les encyclopédies ; et la sienne en particulier n’a guère le droit de vanter ses conquêtes scientifiques, bien que Diderot les ait complaisamment estimées à plusieurs volumes. L’important pour une encyclopédie, son principal objet, c’est de faire connaître, en des résumés clairs et précis, l’état de la science au moment où l’on écrit[2], et ce moment doit être aussi court que possible : en effet, œuvre nécessairement éphémère, toute encyclopédie doit se faire rapidement sous peine d’être surannée avant d’avoir paru tout entière. Voyons donc quels services put rendre l’Encyclopédie aux contemporains seuls de Diderot,

  1. Tome VIII, Avertissement.
  2. « Il se forma, en Europe, une classe d’hommes moins occupés encore de découvrir ou d’approfondir la vérité que de la répandre. » (Condorcet, Esquisse d’un tableau historique…)