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Page:Ducros - Les Encyclopédistes.djvu/141

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Descartes et l’attraction de Newton, il n’y a que la différence des résultats obtenus par cette même raison, que Descartes avait affranchie.

Et ainsi, après avoir reconnu l’influence réelle qu’exerça sur nos philosophes tout ce dont la méthode expérimentale des Anglais avait enrichi la philosophie moderne, nous pouvons ajouter que l’initiateur et le maître de cette philosophie moderne, ce n’est ni Bacon, ni Newton, ni Locke, mais bien l’immortel auteur du Discours de la Méthode ; et nous avons donc le droit de conclure, comme l’a fait l’Encyclopédie elle-même, dans son discours préliminaire : « L’Angleterre nous doit la naissance de cette philosophie que nous avons reçue d’elle. » Déjà l’esprit, à la fois si libre et si pénétrant de Turgot, comparant l’œuvre de Descartes et celle de Newton, avait dit : « Newton décrit le pays que Descartes a découvert. » Et après avoir rendu justice à Locke et à ses disciples, Berkeley et Condillac, il ajoutait, et l’histoire lui donne raison : « Ils sont tous des enfants de Descartes[1]. »

II. — la critique des abus



L’Encyclopédie n’est pas seulement un Dictionnaire scientifique, où s’enregistrent les rapides progrès que font toutes les sciences à la fois au milieu du dix-huitième siècle : elle s’intitule, de plus, Dictionnaire raisonné, et, par là, elle est encore le fidèle miroir de cette époque que Duclos caractérisait en ces termes, l’année même (1750) où Diderot et d’Alembert se mettaient à l’œuvre : « Je ne sais si j’ai trop bonne opinion de mon siècle, mais il me semble qu’il y a une certaine fermentation universelle… dont on pourrait diriger et hâter les progrès par une éducation bien entendue[2]. » C’est cette éducation que se charge de faire l’Encyclopédie. Un

  1. Deuxième discours sur l’histoire universelle.
  2. Duclos : Considérations sur les mœurs de ce siècle.