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Page:Ducros - Les Encyclopédistes.djvu/203

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même ; mais, afin qu’on ne nous accuse pas de nous être donné, de parti pris, beaucoup de peine pour établir le catholicisme de Diderot et de ses collaborateurs, nous allons montrer qu’il n’y aurait rien de plus facile si l’on voulait, que de former, à l’aide de l’Encyclopédie, un parfait chrétien[1].

Et d’abord, il est nécessaire de croire, car la philosophie ne suffit pas pour être homme de bien : « L’autorité de la religion est de nécessité absolue, non-seulement pour procurer à la société mille douceurs et agréments, mais encore pour assurer le maintien des devoirs ; ôtez la religion, vous ébranlez tout l’édifice des vertus morales[2]. » En effet, il est « très certain qu’en dehors de la religion il ne saurait y avoir de vertus sérieuses et qu’il n’y a même pas de probité ». Et on ne sous-entend nullement que cette religion, sans laquelle il n’y a pas d’honnête homme, est la religion naturelle, car dans un de ses sermons sur la Providence, frère Diderot tonne contre « l’irréligion des déistes[3]. » La seule religion dont on veuille parler est bien le christianisme, parce que c’est « la seule parfaite ; qu’on me montre un seul défaut dans le christianisme[4] ! »

Ce qui est nécessaire aux hommes, affirme Diderot, « c’est un culte révélé ; c’est là le seul frein qui puisse les arrêter ; or, les livres saints sont divinement inspirés, la main de Dieu y est visiblement empreinte[5]. »

  1. Voici le jugement d’un censeur, Tamponnet, docteur et ancien syndic de la Faculté de théologie de Paris : « J’ai lu, par ordre de Monseigneur le Chancelier, la partie du livre de l’Encyclopédie concernant la théologie et l’histoire ecclésiastique, dans laquelle je n’ai rien trouvé de contraire à la saine doctrine. » Paris, ce 15 mars 1751 (Bibl. nat., f. fr., 22, 191).

    Tamponnet était, avec les abbés Millet et Cotterel, les censeurs désignés par l’évêque de Mirepoix lui-même pour examiner l’Encyclopédie : « Les tomes II jusqu’à VII ont été censurés en entier par ces trois docteurs. Il n’y a pas un seul article dont le manuscrit n’ait été paraphé par un des trois. » (Malesherbes : Mémoire sur la liberté de la presse.)

  2. Encyclop. : art. Société, de Diderot.
  3. Ibid. : art. Providence.
  4. Ibid. : art. Christianisme.
  5. Ibid.