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Page:Ducros - Les Encyclopédistes.djvu/238

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Malesherbes, répondant à un évêque censeur de l’Encyclopédie, qui avait vu Mirepoix au sujet de cet article, se déclare très mécontent de ce que les censeurs aillent « consulter M. de Mirepoix de qui ils n’ont point d’ordre à prendre dans cette matière ; je trouve ridicule que six ou sept censeurs aillent journellement rendre compte de leur conduite[1]. » On voit, au sujet de l’Encyclopédie, les tentatives d’empiétement du parlement et du clergé : or, qui donc, au dix-huitième siècle, combattait avec plus d’acharnement le clergé et le parlement à la fois ? qui donc alors, suivant un mot de Voltaire, disputait avec plus d’entêtement « le haut du pavé », d’une part, « aux pédants à petit rabat » et, d’autre part, à ces « insolents bourgeois » de parlementaires ? Les philosophes auraient voulu renouveler l’antique alliance de la royauté avec le tiers-état, non pas tant contre la vieille noblesse, que la royauté avait asservie, mais contre une magistrature arrogante et un clergé persécuteur. Malesherbes put donc servir les philosophes (et ceux-ci reconnurent plus tard ses services) sans pourtant desservir son roi. Dans sa lettre, déjà citée, à Bernis, il regrettait de ne pouvoir, dans sa situation délicate, « être utile aux gens de lettres » ; il le fut, au contraire, pas autant que l’auraient voulu ses insatiables protégés, assez cependant pour doter la France d’ouvrages qui lui firent honneur ; et il le fut, en tout cas, de façon à garder intacte sa réputation de grand et d’honnête citoyen. Dans ses rapports avec les philosophes, il se conduisit en serviteur très libéral, si l’on veut, mais très loyal aussi, de la royauté.


II. — le camp des anti-encyclopédistes : le roi, le clergé, le parlement


Les Encyclopédistes se sont plaints, dans tous leurs ouvrages, de l’acharnement qu’on mit à les persécuter. Vol-

  1. Bibl. nation., n. a. fr., 3345.