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Page:Ducros - Les Encyclopédistes.djvu/266

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tous les philosophes. Les objections (elles sont de nature et de valeur très diverses) et les plaisanteries (elles ne sont pas toutes du meilleur goût), qu’on formule ou qu’on lance contre la Bible, se ramènent, en définitive, à ces deux points principaux : on critique tantôt la forme et tantôt le fond des Saintes Écritures ; c’est-à-dire, tantôt on épluche le texte, la date ou l’authenticité de tel ou tel livre, tantôt c’est le contenu même, récits et doctrine, qu’on tâche d’ébranler.

Nous serons bref sur tout ce qui touche au texte des Écritures, parce que c’est beaucoup moins à ce texte même qu’à ce qu’il enseigne que s’attaquent les Encyclopédistes et aussi parce que les efforts du clergé, pour expliquer ou rajeunir le texte saint, se réduisent en ce temps à fort peu de chose. Est-il rien de plus pauvre, en effet, que l’exégèse biblique du dix-huitième siècle ? Sans doute, on avait vu, au lendemain de la Réforme, et pour lutter contre elle, surgir toute une légion de commentateurs catholiques : Hurter n’en compte pas moins de trois cents, de l’année 1563 à l’année 1660. Durant cette période, qui est l’âge d’or de l’exégèse catholique moderne, il s’agissait de démontrer aux Réformés que ce Livre, qu’ils avaient sans cesse à la bouche et dont ils prétendaient avoir retrouvé le sens et la beauté première, l’Église romaine n’avait jamais cessé de le bien comprendre et de l’interpréter dignement ; et il se peut que les exégètes catholiques de cette époque aient été aussi savants qu’ils furent laborieux et que pour sauver l’ancienne foi, ils aient mis habilement à profit, comme l’avaient fait les protestants, pour fonder la foi nouvelle, quelques-unes des meilleures conquêtes de l’Humanisme ; qu’ils aient su, par exemple, appliquer, comme leurs adversaires, l’histoire, l’archéologie et les nouvelles études philologiques à leur interprétation catholique des Écritures, de telle sorte que leurs ouvrages méritent encore d’être appréciés des théologiens de nos jours[1] ; il n’en est pas

  1. Voir Riehm : Encyclop. und Methodol. der Theologie, 1892, p. 202.