Page:Ducros - Les Encyclopédistes.djvu/52

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prétendait ici concilier la raison avec la Bible et là sacrifier cette même raison à des dogmes qu’on ne discutait pas.

En résumé, les philosophes français agrandirent et simplifièrent ensemble le débat en mettant aux prises, bien plus ouvertement et plus catégoriquement que ne l’avaient fait les déistes, la raison et la foi : ils combattirent celle-ci, non pas seulement au nom de la Bible mieux comprise, de cette Bible qui est le livre fondamental de toute éducation anglaise, mais surtout au nom du bon sens, ce qui est une forme de la raison commune et au nom des récentes découvertes de l’astronomie et de l’histoire naturelle, c’est-à-dire de la raison scientifique. Plus audacieux et plus conséquents que leurs prédécesseurs d’Angleterre, ils tirèrent la conclusion, à la fois des raisonnements que tous les libres-penseurs avant eux avaient accumulés contre les dogmes révélés et des preuves qu’un Newton et un Burnet apportaient, comme malgré eux, contre la véracité des récits bibliques. Cette conclusion, ils la formulèrent avec toute la clarté de la logique et de la langue françaises et aussi avec tout l’emportement d’âmes généreuses qu’indignaient à bon droit les persécutions d’un clergé barbare : c’est pourquoi le déisme anglais ne fut qu’une courte crise dans l’histoire des idées religieuses, tandis que la philosophie du dix-huitième siècle devait être un des événements les plus importants de l’histoire même de l’humanité.