Page:Ducros - Les Encyclopédistes.djvu/70

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L’Encyclopédie fut de même fort souvent comparée par eux à ce temple de la sagesse dont parle Lucrèce et qu’avait édifié contre la superstition du temps la doctrine des philosophes. Nous avons montré comment s’était élevé peu à peu, contre vents et marées, ce temple encyclopédique et quelle activité avait dû déployer, pour arriver jusqu’au faîte, le directeur des travaux. On va voir quels furent les ouvriers qui apportèrent successivement leur pierre au gigantesque édifice.

Pour tenter une telle œuvre, ce n’était pas trop de toute « une société de gens de lettres », c’est le nom que Diderot donnait à l’ensemble de ses collaborateurs : on verra plus loin quel fut l’esprit de cette société ; il ne s’agit, pour le moment, que d’en faire connaître les différents membres. L’Encyclopédie n’est pas l’œuvre spéciale d’un nombre, fixé une fois pour toutes, de fidèles collaborateurs. Sauf peut-être Diderot, qui présida jusqu’au bout comme architecte à l’entreprise et l’inébranlable de Jaucourt qui fut comme la pierre angulaire de l’édifice, on ne retrouve, à la fin de l’ouvrage, que très peu des ouvriers de la première heure. Beaucoup n’ont écrit que quelques articles ; d’autres n’ont collaboré qu’à quelques volumes ou même à un seul ; il y en a enfin, comme Montesquieu, qui n’ont fourni qu’un seul article. De là, évidemment, des disparates et même des contradictions que nous aurons à relever quand nous aborderons le contenu même de l’ouvrage. Mais on voit dès maintenant, et la liste des collaborateurs le montrera mieux encore, que l’Encyclopédie a été comme l’œuvre collective du dix-huitième siècle ; elle n’en est que mieux faite pour nous renseigner sur l’esprit général de ce siècle et elle n’en a que plus d’intérêt pour l’historien philosophe. Le nombre des collaborateurs augmente à mesure qu’avance l’ouvrage : ils sont vingt et un pour le premier volume (1751) ; au tome III (1753) on en compte à peu près trente-cinq ; au tome VI (1756) on refuse des articles ; nous remarquons pourtant des nouveaux venus au tome VII (1757). Au total on peut compter, croyons-nous, de cinquante à soixante