Page:Ducros - Les Encyclopédistes.djvu/8

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

LES ENCYCLOPÉDISTES



CHAPITRE PREMIER

LES PRÉCURSEURS DES ENCYCLOPÉDISTES


SOMMAIRE
1. Renaissance et Réforme. — 2. Les Libertins. — 3. Descartes et Bayle. — 4. Les Déistes anglais.


I

Trois grands faits dominent l’histoire religieuse et caractérisent l’esprit général du moyen âge ; c’est, d’abord, le pouvoir de l’Église ; c’est ensuite la doctrine catholique, qui prescrit à la raison de se taire et à la chair de se mortifier ; et c’est, en troisième lieu, la persécution de quiconque ne se soumet pas à ce pouvoir et n’adhère pas à cette doctrine.

Ces trois faits, d’ailleurs, s’enchaînent et se commandent l’un l’autre : le pouvoir de l’Église ne résulte-t-il pas de la doctrine même qu’elle enseigne ? Le royaume de Dieu, dit-elle, appartient, non à ceux qui vivent dans le siècle et s’adonnent aux plaisirs de la chair, mais à ceux-là surtout qui quittent le siècle et domptent leur chair, en s’imposant des jeûnes austères et en repoussant les droits et les devoirs de la famille[1]. Les élus de Dieu sont, dès lors, non les

  1. « Le triomphe du christianisme fut l’anéantissement de la vie civile pour mille ans ». Renan, Marc-Aurèle, p. 598. Entendez Bossuet : « Les lois de la cité sainte et celles du monde sont différentes ». (Max. et réfl. sur la comédie)… Les vrais enfants de Dieu ne désirent que