III
Nous voici arrivés à ceux qu’on peut considérer comme les ouvriers principaux du grand Dictionnaire, à ceux qui furent les meilleurs aides et comme les lieutenants de Diderot, lieutenants, du reste, très inégalement brillants ou dociles, et qui s’appelaient de Jaucourt, Marmontel, Voltaire et d’Alembert.
Le plus zélé de tous fut le chevalier de Jaucourt : on peut dire que, sans lui, l’Encyclopédie ne se serait peut-être pas faite, car il en a écrit au moins la moitié : « Je m’aperçois, dit Voltaire à d’Alembert avec quelque exagération, que le chevalier de Jaucourt a écrit les trois quarts de l’Encyclopédie. Votre ami était donc occupé ailleurs ? » Les articles, en effet, que de Jaucourt a fournis, sont infiniment plus nombreux que ceux du Directeur, si nombreux et si variés qu’on est aussi surpris de l’étendue de son savoir que de sa puissance de travail : médecine, politique, littérature, arts et métiers, il sait tout, il écrit sur tout. Parmi ses innombrables articles, et nous en citerons plus d’un dans notre examen de l’Encyclopédie, il y en a de mauvais, de médiocres, il y en a même de bons (en particulier sur la politique), et il y en a qui ne sont pas de lui ; mais c’est déjà beaucoup d’avoir tant lu pour avoir pu tant compiler ; car c’est bien à lui qu’on peut appliquer les vers fameux de Voltaire sur l’abbé Trublet :
Il entassait article sur article ;
Il compilait, compilait, compilait.
On le voyait sans cesse écrire, écrire.
Du reste, il n’apporta pas seulement au grand Dictionnaire son ardeur au travail et ses connaissances univer-