Page:Dufay - L’Impôt Progressif en France,1905.djvu/294

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le revenu moyen, qui est celui à déterminer pour l’impôt. Dans toutes les communes, avec le concours de trois ou quatre habitants connaissant très exactement ce revenu par hectare, soit par leur expérience personnelle, soit par comparaison avec les domaines loués, le revenu imposable est facile à établir. Il y a même à dire ici : il est certain qu’actuellement les trois quarts du sol français sont taxés pour un revenu qui n’existe plus, ou même n’a jamais existé ; il est probable que c’est même là une des causes cachées de tous ces échecs d’essais d’impôts sur le revenu ; on veut dissimuler cette situation et surtout éviter que l’impôt, qui ne serait plus payé par la terre, se reporte naturellement sur la fortune mobilière qui, aux mains de nos grands maîtres de l’agiotage et de la piraterie financière, supporte à peine le quart des contributions qu’elle devrait payer.

Nous pouvons être assurés que l’idée de derrière la tête de tous les meneurs de la société actuelle est d’enterrer dans les inextricables mailles d’un infranchissable filet les citoyens de notre malheureux pays. Toute liberté doit nous être ravie, même celle de posséder, et bientôt le contribuable n’aura pas plies licence de faire, sans ingérence de l’État, ses propres affaires qu’il n’a celle de faire élever ses enfants selon ses intimes sentiments. L’État tuteur, administrateur, confesseur laïque, omnipotent en un mot, voilà le rêve jacobin. Puis, afin de préparer, d’une manière précise, la future confiscation des fortunes privées, n’est-il pas nécessaire de les bien connaître ? Voilà tout ce qu’il est permis d’entrevoir comme se dissimulant pour l’avenir der-