Page:Dufay - L’Impôt Progressif en France,1905.djvu/340

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parfois un peu aigres avec des propriétaires-rentiers qui ne voulaient rien entendre aux observations de leurs fermiers sur les difficultés plus grandes qu’ils rencontrent aujourd’hui, provenant des impôts augmentés, d’une main d’œuvre plus chère, d’une baisse des produits, etc. : « C’est pénible tout de même, disait un jour devant moi un fermier qui venait de payer un terme, de voir cet argent si difficile à gagner ne servir qu’à l’entretien de valets et de chevaux inutiles. » Je ne sais si, en Flandre, les fermiers sont d’une autre composition qu’en Franche-Comté, mais peut-être, dans ce pays, les propriétaires ont-ils mieux compris qu’il fallait diminuer de moitié les fermages, en attendant, peut-être, de nouvelles diminutions pour retenir à la terre des travailleurs indispensables. Et j’ajoute que, si l’on veut maintenir jusqu’à un certain point la valeur des grandes propriétés, le plus sûr est encore de créer autour d’elles, par une législation plus favorable, de petites propriétés, car ce sont celles-ci, quand on y réfléchit, qui font le prix des grandes.

Ce sont là des choses que je dois savoir et que je sais ; et je les dis parce que je les sais ; je prévois les conséquences de ce qui est, et je propose les mesures qui sont de nature à les empêcher.

M. le vicomte d’Avenel, dans son ouvrage si documenté : La fortune privée à travers sept siècles, a touché aussi à ces questions. Il a montré que, à toute époque, c’est le travail de plus en plus libre et de mieux en mieux récompensé qui a augmenté la fortune générale. « La densité de la population rurale était grande, dit-il, au milieu du XIVe siècle,