Page:Dufay - L’Impôt Progressif en France,1905.djvu/341

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avant la peste de 1348 ; mais cet accroissement peut, et je dirai même doit être attribué, en grande partie, à la disparition du servage. Il y eut, entre la fin du règne de saint Louis et le commencement de la guerre de Cent ans (1270-1350), quatre-vingts ans de prospérité matérielle indéniable. On a mille preuves de l’activité avec laquelle le mainmortable, devenu libre et censitaire, peupla et se reproduisit ; ce fut un lapin dans une garenne. Chacun sait que quatre-vingts ans suffisent amplement à doubler le chiffre d’une population ; nous en avons des exemples en notre siècle ; et les découvertes modernes n’ayant à cet égard rien innové, les procédés de multiplication étant demeurés les mêmes, rien n’empêche que ce qui s’est produit en 1800 ne se soit produit en 1250 ».

Aux treizième et quatorzième siècles, on pouvait, comme le fait M. d’Avenel, comparer les paysans à des lapins dont le nombre profitait aux seigneurs ; c’était une sorte de cheptel attaché à la terre avec les animaux de culture et dont l’accroissement profitait aux propriétaires. Ils formaient un accessoire du domaine seigneurial ; on les vendait ou on les achetait comme le troupeau attaché à l’exploitation rurale. Aujourd’hui, la situation a bien changé, heureusement pour tous ; cependant on peut affirmer mutatis mutandis, qu’une amélioration notable du sort des cultivateurs produirait encore des résultats appréciables sur le nombre de la population rurale ; plus d’impôt du tout sur la petite culture, moins d’impôt sur la moyenne, des fermages diminués, une loi de procédure protégeant le petit faire-valoir au lieu de l’anéantir ; il n’en faudrait pas davantage pour