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ment à plus de 70 milliards représentant un revenu d’environ trois milliards ne payant pas aujourd’hui un centime d’impôt. Si l’on faisait supporter à ces valeurs un impôt aussi onéreux que celui qui pèse sur la terre, elles fourniraient à l’État plus de 400 millions par an. Cette charge énorme, est, tout naturellement, reportée sur les produits de la terre et du travail, d’après la législation actuelle.

On objecte que la plupart de ces valeurs sont au porteur, ou peuvent le devenir, à quoi il est facile de répondre qu’une loi peut obliger à les transformer toutes en titres nominatifs et même en titres mixtes, comme il en existe déjà beaucoup, sans apporter, par cette mesure, aucune entrave aux mutations régulières de ces valeurs ; elles gêneraient peut-être les jeux de Bourse et l’agiotage, mais l’intérêt public et la morale n’y perdraient pas.

On objecte encore que ces valeurs peuvent, en partie, échapper à l’œil vigilant du fisc. Cette disposition d’esprit de la part des contribuables portés à la dissimulation, existe sous toutes les formes d’impôt. Nous verrons plus loin que, sans procéder à des investigations inquisitoriales, un système d’amendes bien établi, ferait vite comprendre aux contribuables qu’il est encore plus prudent et même plus économique de payer l’impôt que d’attendre la correction.

En ce qui concerne la rente sur l’État, le rentier fait actuellement un faux raisonnement quand il dit que l’État, étant son débiteur, doit lui payer intégralement l’arrérage de sa rente. Il ne réfléchit pas que l’État est aussi son créancier de sa quote-part des dépenses générales, dont il profite comme tous les autres citoyens.

On dit aussi que certains capitaux de luxe, tels que châteaux, collections artistiques, etc., ne produisent