Page:Dufay - L’Impôt Progressif sur Le Capital et le Revenu, 1906.djvu/124

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tirés en grande partie des bas de laine français n’avaient pas suffi à faire la moitié d’une œuvre utile, tout en contribuant au succès de certains entrepreneurs et fournisseurs qui n’avaient même pas fourni. Tomber dans une pareille réalité, après les rêves dorés qui enflammaient les imaginations, ce fut une terrible déception : colère, menaces, désespoirs, suicides. On chercha à calmer les esprits, en engageant une procédure qui devait amener, en définitive, une liquidation pas trop désastreuse. Le temps qui est destiné à cicatriser tant de blessures, fut mis à profit. Le temps c’est le calmant par excellence. Après 12 ans de procédure, on va enfin distribuer 200 millions aux moins malheureux, parmi les dupes de l’admirable entreprise. Halte-là, dit la loi d’enregistrement, à tous ces gens qui tendaient déjà la main pour recevoir le maigre résidu de tant d’argent perdu ; vous avez produit devant nos tribunaux des contrats, des marchés, des titres qui nous obligent à vous réclamer 13 millions, acquis à l’État qui vous a si bien protégé dans cette affaire. Commencez par me verser cette petite somme et vous pourrez en toute justice vous distribuer ce qui restera. Qu’est-ce que c’est que ce petit sacrifice, pour des gens qui perdent tant d’argent ? Mais cette fois il paraît qu’il y a dans l’affaire encore quelques gros intéressés qui ont crié assez haut pour que le parlement les entendit ; ce qui n’arrive pas tous les jours, lorsque les petites gens qui ne savent pas crier, n’ont pas le diapason voulu pour que leur voix porte au loin. En sorte qu’aujourd’hui il est question de proposer au Parlement une nouvelle loi pour empêcher l’application en ce cas particulier, d’une loi générale qui passe comme une lettre à la poste, devant tous les tribunaux de France, dans les affaires d’ordre amiable ou judiciaire, de contribution, de distribution,