Un autre phénomène qui contribue à ces énormes différences d’évaluation est ce qu’on appelle la circulation des valeurs, ou du signe des valeurs, tels que l’or et l’argent monnayés. Une pièce de cinq fr., par exemple, n’existe, au point de vue économique, que par l’emploi qu’on en fait : tant qu’elle reste dans notre poche, elle équivaut à zéro. Si nous la payons à notre boulanger, elle représente cinq fr. ; celui-ci la paie au meunier qui lui a vendu sa farine, c’est encore cinq fr. ; celui-ci la remet au laboureur qui lui a vendu son blé, nouvelle valeur de cinq fr. ; le laboureur la remet au taillandier qui lui a vendu sa charrue, nouvelle manifestation du rôle économique de cette pièce de cinq fr. En quelques jours, elle a produit le même effet qu’une pièce de vingt fr. qui aurait changé de main une fois seulement. C’est ce phénomène connu, mais très difficile à apprécier et à calculer dans ses manifestations différentes, qui donne tant de tablature à nos économistes, quand il s’agit d’établir en chiffres le produit du travail.
Tenons-nous-en à un chiffre moyen de seize milliards comme produit du travail en France. Nous ne possédons pas cette somme en numéraire mais, comme nous venons de le dire, la valeur se multiplie par les emplois divers qu’elle reçoit par la circulation.
Quant au produit des capitaux mobiliers et de cet autre capital, la terre, on serait à peu près d’accord à les évaluer à 3 milliards pour chaque catégorie, soit ensemble 6 milliards.
En sorte que la grande famille française aurait, pour faire marcher son ménage :
1o Un capital mobilier et immobilier valant 190 milliards ;
2o Une rente de 6 milliards produite par ce capital,