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tutelle la haute Banque tient aujourd’hui cette épargne française si laborieuse et si économe, on ne pourra pas croire que pendant tant d’années elle ne soit restée taillable à merci, sans qu’une échappée de lumière l’éclaire sur sa propre naïveté. Telle qu’elle est organisée, la haute Banque, en France, constitue la plus merveilleuse pompe aspirante des capitaux de l’épargne qui ait jamais existé. Si ce formidable appareil fonctionnait à découvert, si l’on pouvait constater les résultats de son aspiration perpétuelle, le public le briserait sur-le-champ. »[1]

Pour mieux nous rendre compte de la nécessité de réformer notre système fiscal (sans compter les autres réformes nécessaires), nous allons voir avec quelle prodigieuse inégalité est répartie la richesse générale ; ce qui permet les abus signalés partout du capitalisme exploiteur et usurier, qui en est arrivé au point où il devient plutôt la négation du droit de propriété que l’expression de ce droit.

Évidemment la réforme fiscale n’est pas seule suffisante pour faire disparaître les nombreux abus dont souffre la société contemporaine ; mais elle contribuera à les atténuer, en attendant que d’autres réformes apportent à l’édifice social les améliorations nécessaires.

Pour établir, au moins d’une manière approximative, la valeur totale de la richesse appartenant en France à des particuliers, nous trouvons un document important dans la statistique des successions déclarées en 1904, publiée dernièrement par le ministère des finances. On sait qu’au décès de chaque individu, les héritiers sont tenus de déclarer l’importance des biens

  1. Augustin Max, Tablettes financières.