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l’acharnement de la jalousie, et j’ai peine à céder aux funestes impressions qu’on cherche à nous donner de son caractère. On ne peint point comme il a fait les charmes de la vertu et les charmes de l’amitié sans avoir un cœur fait pour sentir l’une et l’autre. Jamais je ne désirai si fortement qu’il justifiât mes préjugés en sa faveur qu’aujourd’huy que le voilà dans ma patrie. Puisse-t-il aimer et instruire mes compatriotes, et laisser nos gens de Lettres aussi bien unis qu’il les a trouvés.

Il est vray que M. Rey s’est chargé de mon manuscrit, mais cet ouvrage est loin d’être près de paroître : peu de gens en seront aussi tôt instruits que vous et M. Abauzit. Je ne vous ai point encore parlé du mémoire sur les variations de l’humeur ;[1] je l’ai lu et j’en ai trouvé l’hypothèse ingénieuse ; je ne l’ai point encore montré à M. Diderot, parce qu’il a essuyé de la part de ses libraires des tracasseries qui l’ont mis à la veille d’abandonner l’Encyclopédie. D’ailleurs il y a encore un volume d’intervalle pour arriver à l’H. À présent que tout est pacifié, j’aurai soin de faire ce qu’il faut et je vous en donnerai des nouvelles dans ma première lettre.

Mille respects, je vous prie, à toute votre famille sans oublier votre aimable et respectable belle-sœur ;[2] je voudrois bien qu’en buvant à ma santé elle eût pu faire quelque chose pour la sienne. Pour moi, j’attends tout des secours de la médecine, de vos soins, du tems et de la patience, et je compte bien à mon retour vous féliciter en la trouvant sur pied ou du moins vous aider à la désennuyer auprès de son lit. Mille amitiés, s’il vous plaît, à M. de Rochemont et à M. Le Sage, à qui vous dirés,

  1. Apparemment d’Abauzit.
  2. Mme Simonde-Sartoris, mère de Sismondi.