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Page:Dufour - Étude sur l’esthétique de Jules Laforgue, 1904.djvu/11

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ling, Saisset, Lévêque, Taine — dans un état de cerveau inconnu depuis mes dix-huit ans à la Bibliothèque nationale. Je me suis recueilli et dans une nuit, de dix du soir à quatre du matin, tel Jésus au Jardin des Oliviers, Saint Jean à Pathmos, Platon au cap Sunium, Bouddha sous le figuier de Gaza, j’ai écrit en dix pages les principes métaphysiques de l’Esthétique nouvelle, une esthétique qui s’accorde avec l’Inconscient de Hartmann, le transformisme de Darwin, les travaux de Helmholtz.

« Ma méthode, ou plutôt ma devination est-elle enfantine, ou ai-je enfin la vérité sur cette éternelle question du Beau ? — On le verra. En tout cas, c’est très nouveau, ça touche aux problèmes derniers de la pensée humaine et ça n’est en désaccord ni avec la physiologie optique moderne ni avec les travaux de psychologie les plus avancés, et ça explique le génie spontané, ce sur quoi Taine se tait, etc.

« … Enfin on verra, et vous verrez… J’aurai du moins rêvé que j’étais le John Ruskin définitif. »

Pour convaincu et enthousiaste qu’il soit, Laforgue publie encore que quelques articles de revue. Mais, qui, sans doute, vaut mieux, il écrit beaucoup pour lui seul. Il couvre ses carnets de ces Notes autrefois imprimées par M. Félix Fénéon dans la Revue blanche. IX, X, XI) et les Entretiens politiques et littéraire(t. IV), et dont M. Camille Mauclair a réuni les plus intéressantes dans les Mélanges posthumes, naguère invités par la Société du Mercure de France. Dans ses pages, écrites avec fougue, à l’éclair de la vérité