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Page:Dufour - Étude sur l’esthétique de Jules Laforgue, 1904.djvu/37

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que ce soit, rue, campagne, — diurne ou nocturne, — salon éclairé, elle s’est placée dans la lumière même qui baigne le modèle ; elle a donc fait du paysage en plein air, dans le temps le plus court possible, en tenant compte des rapides variations de l’éclairage.

Réfléchissez : il n’y a rien là que de logique, de naturel, partant de légitime. Que l’on dispute sur les résultats, passe encore. C’est le droit de chacun d’avoir et déclarer ses préférences. Mais que l’on méconnaisse l’intention, c’est imbécillité ou hypocrisie. Devant ces toiles impressionnistes, combien, depuis trente ans, de ricanements, de clameurs, même de poings tendus ! C’est, a-t-on dit, un tableau exposé qui entend le plus de sottises. S’il est impressionniste, il entend pis encore : des injures. Il est nécessaire de mettre devant un garde-fou. Rappelez–vous, dans l’Œuvre d’Émile Zola, les criailleries de la foule ignorante et haineuse, ameutée par les envois de ce pauvre Claude !

Le dessin est un " vieux et vivace préjugé », dont l’origine remonte aux premières expériences visuelles. Au commencement de son évolution organique, l’œil ne percevait que la lumière blanche et ses ombres indécomposées. Pour compléter ces imparfaites notions des objets, il s’aida des perceptions dun autre sens, le toucher. Les sensations tactiles se fondant avec les sensations visuelles, les taches lumineuses furent cernées par des lignes, dont certaines mesurèrent, outre la hauteur et la largeur, la profondeur. Comme le dit Laforgue, qui toujours parle de philosophie en poète