Aller au contenu

Page:Dufour - Étude sur l’esthétique de Jules Laforgue, 1904.djvu/36

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Conclusion : « Le sens esthétique est changeant comme la vie », le goût « humain » ne saurait prévaloir sur le goût « individuel », sans lequel il ne serait rien. Opposer celui-là à celui-ci c’est aller contre le principe de contradiction : une chose ne peut être en même temps elle et son contraire.

Ces considérations générales sont les prémisses, d’où Jules Laforgue déduit sa définition de la peinture impressionniste. Les Monet, les Renoir, les Degas, les Cézanne, les Sisley, les Pissarro ; après eux, les Seurat, les Signac, les Cross, les Van Rysselberghe ; à côté, les Vuillard et les d’Espagnat, ont modifié la technique, en se dégageant des trois illusions, maîtresses des erreurs traditionnelles : le dessin, la perspective, l’éclairage d’atelier. La nouvelle école, si injustement décriée par tous ceux, peintres ou public, qui, se targuant de vérité, défendent des conventions commodes à la médiocrité, s’est rapprochée de la nature par trois innovations correspondantes : — elle s’est appliquée à obtenir les formes, non par le dessin-contour, mais par les vibrations et les contrastes de la couleur ; — à la perspective linéaire, construction à priori des mathématiciens, elle a substitué la notation des valeurs, la troisième dimension des corps apparaissant à l’œil dans un rapport d’intensité des tons ; — enfin, au lieu de peindre dans l’atelier, éclairé selon un angle de 45 degrés, à toute heure, en de nombreuses reprises, quelque sujet