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VERS LES SOMMETS

Boisclair pâlit à cette allusion. Il répondit :

— Tu dis des sottises, Ledoux. Cette raison que tu invoques, fût-elle plausible, n’inspirera nullement ma conduite vis-à-vis de notre adversaire. Cette affaire personnelle ne me regarde pas. Du reste, ma fille n’aime pas ce jeune homme. Entre elle et lui, il n’y a jamais eu plus que de l’amitié de part et d’autre.

— En es-tu bien sûr ? questionna Ledoux, d’un ton ironique. N’empêche, mon ami, que tout le monde reste convaincu du contraire et explique difficilement cette rupture avec Mlle Élise. Les commentaires ne se font pas à l’avantage de ta famille.

Ledoux, sans savoir qu’il exprimait une demi-vérité, inventait en partie cette histoire. Connaissant la fine épiderme et la rancœur agissante de Boisclair, il voulait l’exciter davantage au combat.

— Je vois que nous nous entendons, reprit Ledoux, après avoir joué son rôle de picador auprès de Boisclair. Je vois que vous êtes déterminés autant que moi d’empêcher l’ennemi de prendre le fort. Nous allons travailler ferme. Pas de demi-mesures. Les grands remèdes. La peine capitale. Une exécution pompeuse et lugubre.