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VERS LES SOMMETS

Bien que ses auditeurs pusillanimes eussent compris, ils avaient gardé le silence. Pour réagir comme il aurait fallu, il leur manquait la grâce d’état civique. Ce mutisme de leur part, plus coupable que des paroles par quoi on s’accuse, lui avait tracé nettement son devoir. Sur le champ, il s’était décidé à tenter, malgré sa répugnance pour un tel geste, la démarche humiliante que ses disciples croyaient nécessaire. Comme il ne voulait, encore une fois, ne les attrister, ni s’aliéner leur esprit, il leur avait même marqué assez de satisfaction à combler leur vœu déraisonnable. Il leur avait répété :

— Vous avez probablement raison de souhaiter une alliance avec quelqu’un de l’organisation officielle qui travaillera contre nous. Votre idée me semble très bonne même. Dès demain, je m’acquitterai, si possible, de cette tâche. Soyez certains que je verrai l’un des « grands manitous ». Mais, par exemple, mes amis, vous n’irez pas jusqu’à exiger de moi que je m’agenouille devant lui, que je le supplie de prendre ma cause en mains, que je le conjure de me faire élire. Vous sentez bien que ce serait de ma part du véritable avilissement, méprisables procédés auxquels je me refuserai toujours.

Vis-à-vis d’un mandat de député à solliciter d’électeurs intelligents, voilà, en plein vingtième siècle,