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VERS LES SOMMETS

sous le soleil du prétendu progrès dans tous les domaines, voilà où en était encore le talent consacré : aller implorer de quelque stupide dieu du parti la permission de briguer le suffrage populaire !

Sans doute, l’esprit d’indépendance de Jules, sa dignité reconnue, le beau précédent qu’il désirait créer pour toujours, tout cela lui aurait fourni de bonnes raisons de se refuser à voir Boisclair. S’il consentait à aller chez lui, c’est que, d’une part, il voulait enlever à ses amis tout motif de blâme contre sa conduite au cas d’un échec, et que, d’autre part, malgré sa lettre à Mlle Boisclair, il croyait qu’il valait encore mieux la revoir, s’expliquer, finir avec elle moins prosaïquement…

En ce soir brumeux et humide, lorsque Jules se fut assis au salon mauve tout illuminé des Boisclair, la première personne qui se présenta à lui fut Élise. Aussitôt qu’on lui avait dit le nom si doux du visiteur, elle était accourue sans s’informer si on la demandait, tant le plaisir de le revoir la bouleversait.

— Je désespérais te rencontrer de nouveau, grand compagnon d’enfance, jeta-t-elle avec émoi… Qu’est-ce qui nous vaut la joie de ta visite, mon cher Jules ? Que te devrons-nous pour cette mi-