Page:Dufour - Vers les sommets, 1935.djvu/215

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
213
VERS LES SOMMETS

encore été atteintes par les plombs de l’épreuve. Il reste en route. D’instinct, il revient à l’endroit où le guettait l’impitoyable chasseur. Et tant que son invalidité, puis sa convalescence durent, il ne cherche pas à s’élever dans les airs, à franchir les espaces, si belle que soit dans le moment la vie qu’il puisse vivre.

L’homme qui a connu des déboires — qui n’en a pas éprouvé ? — semble vivre dans un état semblable. C’est pourquoi il aime évoquer un événement passé qui le fit boire à la coupe de l’infortune. S’en entretenir avec qui sympathise adoucit les peines qui s’abritent toujours dans un repli du cœur, même du cœur de la personne qui a été la plus heureuse au cours de sa vie, même de celle que les heures présentes comblent de bonheur.

Entre les deux âmes de ce couple si uni, une conversation intéressante s’était engagée, s’élevant graduellement, comme, de la terre humide, monte, à l’aurore, une buée de cristal. Sur un ton où la gratitude et la nostalgie bruissaient ensemble, Jules dit :

— Penses-tu, ma chère Françoise, comme la Providence a bien failli m’empêcher, il y a un an, d’entrer pour de bon dans la politique, vers laquelle je