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VERS LES SOMMETS

Françoise s’était levée. Elle fit quelques pas dans le salon, puis vint se rasseoir aussitôt. Elle semblait un peu nerveuse. C’est qu’elle brûlait du désir de parler encore. Puisqu’elle avait amorcé la conversation et l’avait aiguillée sur une voie si agréable, pourquoi ne pas aller jusqu’au bout ? Au risque de passer pour naïve, elle dit, malgré l’aveu implicite qu’il lui faudra faire en poussant davantage l’entretien qu’elle avivait avec tant d’adresse :

— Tous, vous affirmez l’existence des génies, des champions de l’intelligence. Et même, si je ne me trompe, vous faites des vœux pour qu’un homme de cette exceptionnelle catégorie mette un de ces jours la main au gouvernail de la barque de notre pays.

— Parfaitement, firent la mère et le grand-papa. Pourrions-nous ne pas désirer avec ardeur un tel avènement ?

— Bien, moi, je suis persuadée, continua-t-elle, qu’un de ces hommes rares monte chez nous actuellement. Et je crois, si nous sommes capables de le comprendre, qu’il jouera dans notre monde social et politique un rôle splendide. Mon intuition de jeune fille désireuse de servir ne me trom-