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VERS LES SOMMETS

mée et, chez l’autre, par un naturel sentiment de curiosité juvénile. La touchante idylle que cette dernière pressentait susurrait à ses oreilles.

Entendant fredonner en elle la troublante mélodie de ses dix-huit années révolues, Simone remarqua joyeusement :

— Sais-tu bien, Françoise, qu’il est tout à fait intéressant, ton prodige de Saint-Paul-du-Gouffre. Je le dis sans rire. Je me demande comment tu as pu faire pour nous recéler aussi longtemps cet original personnage. Cachottière, va ! Par exemple, si j’étais à ta place, je serais vraiment un peu perplexe. Aux jeunes filles de notre espèce, les célébrités échappent presque toujours. Si sa silhouette intellectuelle, comme tu dirais, se découpe avec autant d’éclat que tu le proclames, celles qui courent le monde doivent s’éprendre de lui à tout coup en le rencontrant ! C’est un bijou qu’il faudra tenir sous clef. Sinon, gare aux… voleuses.

Un rire espiègle enveloppa ces dernières phrases. Mais Françoise ne s’en formalisa pas, parce qu’elle savait que pas la moindre parcelle de jalousie n’inspirait à sa sœur ces propos légèrement railleurs. On pardonne facilement au jeune âge.

— Méchante sœurette, dit-elle, sans malice. Parlons plus sérieusement. À mon avis, M. Le-