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VERS LES SOMMETS

En arrière de cette coquette demeure, la vue donnait sur une colline boisée où chantait à l’année la symphonie de mille couleurs. À mi-chemin entre la maison et cette minuscule forêt, les ondes paisibles de la rivière LeBras formaient comme un étroit et long ruban flottant dans l’air calme d’un beau soir. De l’autre côté de la rue, un demi-arpent à droite, se dressait la maison des Boisclair, dont le chef était un industriel de l’endroit, l’homme en politique le plus influent de la région. Presque à la sortie du village, s’érigeait un autre foyer, celui des Maltais. Ces trois familles étaient inséparables. C’était entre les mains des deux dernières surtout que dépendait le sort politique du comté. Pour mieux comprendre le récit qui va suivre, il est bon de lire une page de notre histoire économique, au moment où ces trois familles s’unissaient, et pendant toute l’enfance de Jules.

Il y a un quart de siècle, le Canada entrait dans une ère de grande prospérité. Grâce à la bonne politique des chefs des gouvernements, il commençait à dénouer les derniers cordons qui nous attachaient encore à l’Angleterre. Mais les progrès de notre autonomie et de notre indépendance ne s’accusaient guère encore, tant de féroces impérialistes les entravaient.