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UN VOYAGEUR

faire une prière à l’église, saluer la bonne sainte Anne et se mettre sous sa protection. À cette époque, ce sanctuaire était à peu près le dernier qu’ils rencontraient sur leur route.

Le lendemain on faisait vraiment les adieux au Canada : le voyage était commencé. La route offrait plus d’un danger. Pour éviter les chutes et les rapides, il y avait à faire de nombreux portages.[1] Les voyageurs de la dernière classe, c’est-à-dire les rameurs, étaient les seuls employés à cette besogne de portefaix.

Dès que le canot arrivait à la tête d’un rapide, on l’arrêtait à vingt ou trente pas de la grève, de peur de le heurter sur des cailloux qui l’auraient percé et coulé à fond.

Les rameurs, sans hésiter, se mettaient à l’eau ; deux d’entre eux saisissaient les pinces

  1. Le portage est un endroit où la navigation se trouve interrompue par une chute ou un rapide ; on est forcé alors de transporter par terre les marchandises et les canots.