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M. de Tonnancour porta bien les honneurs, si l’on en croit la chronique des Ursulines ; « il fut pour Trois-Rivières ce qu’est un bon roi par rapport à ses états ; le juge de toutes les causes, le conseiller, l’appui et le soutien de tous ceux qui avaient recours à sa protection. Tous trouvaient en lui, avec la bonté, noblesse de sentiment et courage énergique ». Il s’occupa évidemment de la Pointe-du-Lac, car, à sa mort, en 1738, le premier manoir et le premier moulin sont construits, l’église s’élève et le chemin du roi est ouvert depuis dix-sept ans, et un arrêt du Roi, du 3 mars 1722, rattache pour le culte, la Banlieue à la mission future de la Pointe-du-Lac.

De son mariage, en 1693, avec Marguerite Ameau, fille du notaire trifluvien, cinq fils et cinq filles naquirent, dont deux Ursulines, Mère de la Croix et Mère Ste-Hélène, et le chanoine Antoine-Charles, du chapitre de Québec, qui fut chargé, en 1736, de recevoir les drapeaux anglais pris à Chouaguen.

Trois enfants moururent jeunes ; Louise se maria en 1728 à ce M. de Ramezay qui signa la capitulation de Québec, le 18 décembre 1759, et qui alla mourir à Paris, sans avoir fait souche au Canada.

Le continuateur de la lignée, le dernier propriétaire de la Pointe-du-Lac, et probablement le plus homme d’affaires de ces Tonnancour, fut Louis-Joseph, né le 27 mars 1712, et décédé le 13 mai 1784, aux Trois-Rivières, après avoir connu les deux régimes, français et anglais. À dix-neuf ans, il est garde-magasin aux Trois-Rivières, et à vingt-huit, procureur du Roi. Il fait de son mieux la guerre de Sept-Ans et revient attendre le traité de Paris. Deux courants se dessinent chez les nobles : plusieurs des moins enracinés au sol, retournent en France, et quelques-uns le regrettent au point de revenir, tel Chaussegros de Léry. Les plus anciens, qui ne connaissent personne là-bas, refusent les offres du Roi et décident de demeurer ici « un caillou sous la botte de l’envahisseur », comme l’Oberlé de Bazin. Tonnancour fut de ce groupe. Il reste au pays, où le tiennent toutes ses fibres et toutes ses racines.

Fatigué des exactions de Bigot, des taquineries et de la guerre sans dentelles, il écoutera volontiers sir Guy Carleton, qui s’applique à utiliser nos meilleurs hommes et à orienter nos meilleurs chefs vers le roi d’Angleterre.