Page:Dugré - Vers les terres neuves, 1917.djvu/25

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 23 —

propre sang ! Notre merveilleuse fécondité nous sera-t-elle inutile ? sera-t-elle même une arme contre nous ? Organisons donc en système l’établissement chez nous, sur nos terres nouvelles, des quarante à quarante-cinq mille enfants qui constituent notre excédent annuel : c’est de quoi fonder quarante paroisses !

avec le nombre, l’espace

« L’avenir appartient aux peuples qui auront su occuper sur la rondeur du globe un espace suffisant pour vivre, respirer librement et faire équilibre à leurs voisins, » écrit le géographe Ratzel.

Tel qu’il est aujourd’hui, même amoindri de son million de déserteurs, notre peuple ne ressemble-t-il pas déjà à un grand oiseau qui ouvre des ailes plus larges que sa cage ? Peut-on dire que notre race, embouteillée entre les États-Unis et les Laurentides, et ne cultivant que 3% de ses terres, dont la Couronne peut concéder le reste à n’importe quel flot d’étrangers, occupe un espace suffisant pour vivre, respirer librement et faire équilibre à ses cent vingt millions de voisins ? N’est-ce pas une faute que de nous limiter à quinze millions d’acres de terre, assez peu fertile par endroits, de nous y comprimer dans un étau dont les envahisseurs serreront les demi-tours, si nous ne prenons pas la peine de nous dilater, d’élargir nos cadres ?

Quand on voit les vieux pays se lancer dans des guerres d’extermination pour gagner un carreau de territoire grand comme un de nos comtés, ne devrait-on pas conclure au devoir urgent de conquérir paisiblement à coup de hache une immensité de patrie, quarante-cinq millions d’acres, offertes au premier occupant : un lopin plus grand que la France ! Alors qu’on lutte si ardemment là-bas pour recouvrer l’Alsace et la Lorraine, ne continuerons-