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Vers les terres neuves


La colonisation n’est pas une question théorique et littéraire bonne à débattre entre académiciens de collège, mais une question éminemment pratique, intéressant de la manière la plus directe notre vie nationale. On en parle assez régulièrement dans la province de Québec ; c’est dans l’Ouest qu’on en fait.

Tandis qu’une réclame mondiale a jeté et jettera dans nos plaines à blé des centaines de mille étrangers susceptibles de s’assimiler, Québec demeure si hésitant, si nul dans l’orientation de nos propres compatriotes vers nos terres à prendre, que notre débordante jeunesse et nos familles pauvres en quête d’héritages continuent lamentablement la désertion qui nous saigne depuis quatre-vingts ans. De tout temps, quelques patriotes sincères ont pris l’initiative de mouvements régionaux, soulevé un coin d’opinion, fondé quelques paroisses ; jamais on n’a réussi à enrayer l’émigration et à diriger vers les terres neuves une partie notable du surplus de nos campagnes.

Un mouvement plus général, et même tout à fait général, serait-il impossible aujourd’hui que la masse d’inertie gouvernementale, cet élément politicien qui a toujours entravé les bonnes volontés, se trouve être le premier à pousser à la roue, à réclamer de l’aide ? Pour peu que les patriotes impuissants de jadis veuillent profiter du vent qui souffle vers les cantons neufs du Transcontinental, et pousser à ses conclusions nécessaires la théorie de l’accroissement de la production agricole et du retour à la