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obtenir de Québec l’appui financier qu’ils méritent, entendent-ils créer au nord du lac Saint-Jean dix à vingt paroisses, en appliquant exactement le programme d’aide au colon du Pacifique-Canadien dans l’Ouest : « Il faut compter avec l’esprit du temps. Il n’y a plus aujourd’hui de défricheurs capables de grands sacrifices comme nos pères l’ont été. »[1]

En principe, le chemin de fer doit passer le premier, afin que nos gens trouvent aussi facile la route des terres neuves que celle des villes. C’est ainsi que l’ouverture du Transcontinental a été une bénédiction pour l’Abitibi, où jamais colon ne se serait aventuré, il y a dix ans ! Le malheur est que c’est là une exception, et que chez nous la voie ferrée suit les défricheurs, les suit de loin et parfois ne les suit pas du tout, comme au Témiscamingue et à Mistassini.

L’Ontario possède déjà trois grandes lignes qui sillonnent son nord inhabité, du Pacifique au Transcontinental : nous n’en avons pas une, en dépit des nombreux colons qui réclament et gémissent. Notre mesquine politique de chemins de fer est déplorable : Québec, la plus vieille province du Canada, n’arrive qu’au quatrième rang pour le nombre de milles de voies ferrées, avec 4,043 milles[2] contre plus du double, 9,255 milles dans l’Ontario, après même le Manitoba et la Saskatchewan, qui ne datent pas de cinquante ans. Sur $406,259,165 d’aide accordée aux chemins de fer, sous forme de garantie, d’obligations, d’intérêts, etc., par les gouvernements provinciaux et fédéral, notre vieille province, qui contient à elle seule le quart de la population du Canada, ne fournit que $392,000, alors que la Colombie Anglaise, qui est pauvre, montagneuse,

  1. Lettre de M. Elzéar Boivin, dans Le Progrès du Saguenay, 28 décembre 1916.
  2. Annuaire du Canada, 1914, pp. 477 et suivante.