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mal peuplée, mais qui veut s’organiser, monte jusqu’à $80,322,072.

De 1890 à 1915, nous n’avons payé que $7,347,577 de subventions aux chemins de fer, et, depuis 1910, nous ne fournissons en tout et partout que $750 au « Québec, Montréal Ottawa et Occidental »…[1] Et nous sommes surpris, après de telles largesses, que les locomotives de plusieurs compagnies ne couvrent pas le Nord de long en large devant nos défricheurs ?

Cette politique d’économie de petits rentiers peut avoir du bon pour affronter les critiques du chef de l’opposition ; elle va contre toutes les lois du progrès, contre tout ce qui a réussi dans l’Ouest ; elle force nos gens à émigrer et nos terres neuves à pousser tranquillement du bois mou pour les compagnies étrangères. Si nous ne développons pas notre province, qui donc se donnera la peine de le faire pour nous ? Si nous dépensons tous les revenus à paver aux automobiles des chemins bien durs dans les campagnes riches, cela peut rapporter beaucoup de votes aux élections, mais ne retardera pas d’un train la désertion des pauvres diables qui ne savent où trouver des terres à leurs enfants. L’économie renforcée a beaucoup de bon, à première vue, mais elle perd de ses charmes si l’on se rappelle un petit fait de notre histoire qui pourrait bien se renouveler. À l’époque de l’union des deux Canadas, Québec, en se refusant bien des améliorations s’était arrondi de belles finances ; l’Ontario lui, avec un grand sens des affaires, avait dépensé bien plus que son revenu en travaux publics et se trouvait dans la dèche en face des réclamations de la maison Baring de Londres. Une intrigue mercantile, dénoncée par lord Gosford lui-même, cimenta l’union de l’endetté et du rentier : Ontario paya ses

  1. Annuaire statistique de la province de Québec. 1916, p. 481.